vendredi 2 novembre 2007

Quotidien

Ghajar 08/08 © Shadi Ghadirian


Pour compenser ma crise mystique d'hier soir, je vous recommande sans trop m'étendre (pas besoin de mots) de jeter un coup d'oeil sur le travail de Shadi GHADIRIAN, cette photographe iranienne qui fait poser des femmes voilées avec des objets du quotidien.

Son travail est tout simplement glaçant.

Ghajar 03/08 © Shadi Ghadirian

C'est en partie perturbant, en partie enthousiasmant, pour moi, cette sensation que même dans l'oppression la plus brutale, des femmes et des hommes peuvent utiliser leur capacité de création pour effleurer des doigts la liberté.

Il faut absolument savourer leur travail à l'expo www.photoquai.fr
Je n'en ai vu qu'une partie pour l'instant, je suppose que je ferai un billet plus en détail dans quelques jours.

Je le vois dans mon travail, à petite échelle. Les salariés les plus créatifs ne subissent pas leur sort tête baissée.

La création, peu importe la forme qu'elle prenne, est un bastion de liberté inaliénable. Une barricade intérieure essentielle.

Petite recommandation de lecture :


Un petit livre tout à fait enthousiasmant... Une opérette écrite en 1944 par Germaine Tillion, pour ses camarades de rétention. Elle a été composée jour après jour sur un petit carnet caché dans une caisse d'emballage. Je cite la critique de Télérama : Sur un air de valse-musette, les choristes se mettent à chanter : « On m'a dit “il faut résister”... / J'ai dit oui presque sans y penser / C'est comme ça qu'dans un train de la ligne du Nord / J'eus ma place retenue à l'oeil et sans effort... » Elle s'inspire directement de l'expérience des détenues, décrivant avec une précision d'ethnologue le fonctionnement du camp (« un camp modèle, avec tout le confort, eau, gaz, électricité... Gaz surtout », chante le choeur).

L'effet est glaçant, on ne sait si l'on doit rire ou pleurer en pensant à la force qu'il fallait, à Ravensbrück, pour choisir justement de rire plutôt que pleurer.

Aucun commentaire: